Cette année encore, c'est dans un contexte de désengagement de l'Etat qu'il nous a fallu élaborer notre budget. Dire cela ne relève pas d'une quelconque colère idéologique mais d'un simple constat, partagé par la grande majorité des élus locaux, toutes tendances politiques confondues.
Depuis 2002, la croissance des dotations de l'Etat a toujours été inférieure à l'inflation. Depuis quelques années, elle est même quasi nulle voire négative (en 2005 et 2008).
Le record est atteint en 2009, avec une baisse de 2,11% de cette dotation, soit une perte de 6 millions d'euros pour la ville de Grenoble.
Cet étranglement est vécu pareillement par les autres collectivités territoriales (agglomérations, départements, régions), contraintes de réduire leurs concours financiers.
Il y a là une sorte de double peine pour les communes.
Plus sévère encore aurait pu être l'addition si nous n'avions pas mené avec succès la bataille du maintien de la Dotation de Solidarité Urbaine (DSU), avec l'ensemble de mes collègues de l'Association des maires de grandes villes de France. Sur ce seul dossier, c'est une dotation de 2,5 millions d'euros qui risquait de disparaître pour la ville de Grenoble.
Jusqu'à présent, la gestion rigoureuse de notre équipe municipale a permis de pallier le désengagement financier de l'Etat et de tenir le cap sans aucune augmentation de la fiscalité locale depuis 10 ans.
Mais ces derniers mois, la crise financière est venue profondément bouleverser notre environnement, sur le plan local, national et international. Une crise profonde, devenue économique et sociale et dont les effets sur les finances locales sont bien réels. Sur le marché de l'immobilier par exemple, la seule chute des droits de mutation (les recettes liées aux transactions immobilières) devrait nous faire perdre 2,5 millions d'euros cette année.
Ce contexte très tendu a conduit notre équipe municipale a souligner un peu plus encore, lors de l'élaboration du budget 2009, les priorités politiques du mandat : solidarité et soutien à l'emploi.
Solidarité d'abord, auprès de nos concitoyens les plus durement touchés par la situation économique. Cet effort se traduira notamment par une très forte hausse de la dotation au Centre Communal d'Action Sociale, de plus d’un million d’euros supplémentaires. Il s'agit là de la plus forte hausse depuis 12 ans. Une subvention à laquelle viendra s'ajouter la mise en place d'un dispositif expérimental d'aide au logement.
La crise commence à toucher les entreprises (carnets de commande en baisse, prêts bancaires plus frileux…), d'où notre priorité aussi au soutien à l'économie : au BTP par nos investissements, au développement économique par notre concours aux programmes universitaires, technologiques, au commerce et à l'artisanat.
Pour cela, il nous faut trouver des recettes supplémentaires, car contrairement à l'Etat nous ne pouvons pas présenter de budget en déficit.
Prenant nos responsabilités politiques et forts de nos convictions sociales, nous avons donc décidé hier soir une augmentation des taux de fiscalité de 9%.
Certains nous le reprochent, arguant que ce n'était pas dans notre programme électoral. Nous répondons que la crise financière, immobilière, sociale, économique n'était pas à l'ordre du jour il y a un an, ni d'ailleurs l'exceptionnel désengagement additionnel de l'Etat. Pas plus à Grenoble qu'ailleurs.
Aujourd'hui, Paris, Le Havre, Saint-Etienne, Lyon, Bordeaux, Nice, Toulouse, Avignon, Le Mans, Marseille et beaucoup d'autres grandes villes de France ont pris ou vont prendre la même décision qu'à Grenoble. Elles subissent le même sort. Elles essaient d'y répondre.
Je le dis souvent, les élus locaux doivent être des militants de l'espoir. Au moment où la crise est plutôt source de désespoir, il nous faut être plus que jamais de vrais élus locaux.