Mes années au service des Grenoblois (4) : Grenoble, ville scientifique et innovante, connue et reconnue dans le monde entier

Nov 15, 2013 | 1995-2014, Actualités | 0 commentaires

Dans moins de cinq mois aura lieu le renouvellement des conseils municipaux. Un moment important où la population portera une appréciation sur l’action de la municipalité sortante et sur le projet proposé pour le mandat à venir. Maire de Grenoble depuis 18 ans, il me parait utile et démocratique de revenir sur ce parcours municipal qui s’interrompra pour moi en mars prochain, ayant décidé de passer le relais à une équipe renouvelée, conduite par mon 1er adjoint Jérôme Safar. Je reviens donc, par une série de tableaux que je souhaite vivants et personnels, sur une activité qui marquera sans nul doute un moment exceptionnel de ma vie.

Lors de l’inauguration du supercalcultateur d’HP (2008).

Que de fois ai-je rappelé que nous étions les héritiers d’une fabuleuse aventure industrielle, née dans la vallée du Grésivaudan, sur les flancs du massif de Belledonne, et qu’il fallait nous en montrer dignes !

Il y a bientôt un siècle et demi que les premières turbines hydro-électriques étaient installées, à l’initiative des ingénieurs Aristide Berges et Alfred Fredet. Ils venaient des Pyrénées et du Massif Central et comme beaucoup de Grenoblois d’adoption, mus par le goût d’entreprendre et la passion d’innover, ils allaient donner à notre région enclavée une destinée insoupçonnée. Avec la houille blanche, la fée électricité permettrait à Grenoble de devenir, décennies après  décennies, une ville scientifique, technologique, innovante, connue et reconnue dans le monde entier.

La véritable chance de Grenoble est d’avoir su développer les deux dimensions caractéristiques des grandes technopoles mondiales: une culture partagée d’échanges entre universitaires, chercheurs et entrepreneurs et une pluridisciplinarité avec les divers domaines investis.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault lors du lancement du programme de recherche et de développement Nano2017 (juillet 2013 à STMicroelectronics).

A l’image de la Silicon Valley californienne, des clusters de la côte Est des États-Unis, d’Europe ou du Japon, Grenoble a su constamment affermir ses liens internes entre Université, Recherche et Industrie, s’alliant très vite le concours de la puissance publique, nationale et territoriale.

Et puis, elle a su constamment innover, rebondir avec les progrès scientifiques et l’aspiration des demandes sociétales.

Ainsi, après les premières applications industrielles de l’électricité (la chimie, la papeterie et le textile), ont été développées la conception et la réalisation des turbines hydrauliques (avec Neyrpic puis Alstom aujourd’hui qui installe son siège européen à Grenoble, avec des centaines d’emplois supplémentaires à la clé).

De même avec Merlin-Gerin, aujourd’hui Schneider Electric, et Siemens ce sont les équipementiers des réseaux électriques qui ont fait irruption.

Avec le CEA, le CNRS, l’INRIA, l’INSERM et les grands instruments de recherche des rayonnements, de nouvelles étapes ont été franchies. Aujourd’hui, les micro et nano technologies ont permis la mise sur orbite de ST Microelectronics, de Soitec et de nombreuses autres entreprises.

Avec Alain Mérieux lors des 50 ans de BioMérieux.

Les sciences du vivant, avec l’IBS, l’IBM et les lignes de lumière du synchrotron ont amené BioMerieux à s’installer à Grenoble.

Les nouvelles technologies de l’énergie ont donné de nouvelles perspectives à Air Liquide, Toyota et beaucoup d’autres.

Avec le recul qui est le mien aujourd’hui, je mesure la chance que j’ai eue de vivre personnellement le parcours du transfert de technologie : de la recherche au CEA à la création d’une start-up, devenue PME puis ETI (avec aujourd’hui 2 filiales, l’une aux USA, l’autre en Chine).

Devenu député et maire, cette expérience m’a permis de mieux comprendre le monde de l’entreprise, de refuser de limiter l’économie à la macro-économie, d’accompagner les plus dynamiques, de partager les épreuves et les difficultés comme les belles réussites, de nouer d’utiles complicités avec nombre de chefs d’entreprise comme avec les responsables universitaires et scientifiques.

A Grenoble, plus qu’ailleurs, la chance a été donnée aux start-up avec les innombrables fonds d’amorçage, outils d’accompagnement et temps de rencontres avec les financeurs potentiels (Forum 4I tous les ans notamment).

En compagnie de Fabrice BREGIER, Président d’Airbus et Président de Pacte PME, et d’Henri LACHMANN, ancien Président de Schneider Electrics, et fondateur de Pacte PME.

A Grenoble, plus qu’ailleurs ont été pris en compte les PME (avec le Pacte PME, fondé par Henri Lachmann de Schneider Electric et aujourd’hui présidé par Fabrice Brégier d’Airbus), avec la volonté de pousser les plus prometteuses, en termes d’emploi, sur le chemin de l’innovation et de l’exportation.

A Grenoble, plus qu’ailleurs, on a cherché à garantir la diversité des emplois par le soutien à de multiples filières (électronique, énergie, santé, information, mécanique, artisanat,..) comme à des secteurs en tension (bâtiment, hôtellerie, restauration, transports, production,…).

A Grenoble, plus qu’ailleurs, on a voulu équilibrer développement économique (des entreprises) et développement des politiques d’insertion (notamment des jeunes).

J’ai toujours souhaité que Grenoble assume ses responsabilités.

On m’a quelques fois reproché d’engager financièrement la Ville dans des conventions avec le secteur de la recherche, de l’université ou des entreprises, prétextant qu’il suffisait de laisser les « autres » (région, département, agglo et Etat).

J’ai tenu bon. L’exemplarité et l’effet d’entrainement de la ville centre ont toujours joué favorablement.

Ce ne m’a pas empêché d’intervenir fortement quand j’estimais que la contrepartie faisait défaut. Ainsi quand je me suis dressé, il y a quelques années, face à la direction mondiale de HP, prenant le premier avion pour la Californie pour parler emploi et stratégie industrielle avec le board américain. Et avec le recul du temps, tout le monde s’accorde à reconnaître le bien fondé de l’opération, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise.

Et puis, comment ne pas se réjouir de l’effet positif, souvent décisif, de l’environnement urbain et social dans la réussite économique de Grenoble ?

L’offre éducative (cité scolaire internationale en particulier), culturelle, sportive et environnementale, a été souvent déterminante dans l’implantation des entreprises, en plus de l’excellence de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Visite de l’entreprise DeltaDrone en présence des Ministres Marylise Lebranchu et Geneviève Fioraso

Nous savons ce qu’il reste à faire en termes de logements et surtout de déplacements ferroviaires (avec Paris notamment, à mettre à 2h30 de Grenoble) et routiers (engorgement de l’agglomération). La réalisation du pôle multi-modal de la gare de Grenoble, l’approche de la réalisation effective de la ligne Lyon-Turin (après l’engagement sur mon rapport de l’Assemblée nationale) et l’avancée des discussions avec AREA sur l’A380, laissent espérer un desserrement des contraintes actuelles.

J’espère vraiment que la dynamique enclenchée au cours des dernières années va se poursuivre et, si possible, s’amplifier.

L’arrivée de Salesforce est un encouragement à développer encore la venue de nouveaux investisseurs français et étrangers en région grenobloise.

Il faudra inlassablement jouer avec l’innovation et l’exportation et mettre en œuvre une véritable politique d’intelligence économique.

Le destin exceptionnel de Grenoble est à ce prix.

Il vaut bien l’effort qu’il exige.

Pour les Grenoblois comme pour le pays tout entier!

C’est désormais la grande affaire de la métropole en devenir.

Visite de l’entreprise ARaymond, leader de la fixation par clippage ou collage.