Le procès d’Adolf Eichmann sur France 2

Avr 26, 2011 | Actualités | 0 commentaires

Alors que sortent, enfin, en DVD les images filmées lors du procès de Klaus Barbie en 1987, France 2 diffusait jeudi en deuxième partie de soirée un reportage sur le procès d’Adolf Eichmann de 1961. Ces deux acteurs du pire génocide de l’histoire de l’humanité auront somme toute connu un destin parallèle puisque c’est en Amérique du Sud (en Argentine pour l’un, en Bolivie pour l’autre) qu’ils ont été interpellés avant enfin de répondre de leurs crimes.

Au-delà de la personnalisation de la « banalité du mal » décrite par Annah Arendt et des témoignages de rescapés de la Shoah, ce qui marque dans le procès Eichmann, c’est la force des propos de Gidéon Hausner, Procureur de l’Etat d’Israël qui « ouvre » le procès en indiquant : « A mes côtés, à ces heures, se tiennent 6 millions de personnes » ou qui tente par tous les moyens, mais sans succès, de faire dire à Eichmann que la Shoah est constitutive d’un crime.

Tout au long de ce reportage et sans doute tout au long des 8 mois de procès, il n’y a aucun moment où Eichmann donne quelque signe que ce soit d’empathie. Acteur de la conférence de Wannsee de janvier 1942 lors de laquelle la solution finale fut décidée, il en devient une forme de symbole. Eichmann est loin en effet de n’être que le simple exécutant qu’il prétend, obéissant à des ordres ou n’assumant pas ce qui se passait dans les camps mais ‘’uniquement l’organisation du transport des juifs vers les camps’’. Son fanatisme apparait en effet clairement lorsqu’on sait qu’il s’acharna à organiser la déportation des juifs de Hongrie vers les camps contre l’avis de Himmler et alors que la guerre était clairement sur le point d’être gagnée par les Alliés.

Ce procès d’un des « hommes qui a inventé la solution finale » selon les mots de Ben Gourion, alors premier ministre d’Israël reste sans aucun doute le premier moment où la parole des victimes fut à ce point libérée et adressée au monde entier.