« Le défi de la croissante verte : l’environnement et la politique industrielle écologique en France et en Allemagne », tel était le thème générique du séminaire co-organisé par les Fondations Friedrich Ebert et Jean Jaurès dont l’objectif était de débattre des perspectives d’un projet progressiste à la fois économique et écologique.
Dans ce cadre, j’étais invité à participer aux côtés de Matthias Maching, ministre de l’Economie de l’Etat de Thüringen, ancien secrétaire d’Etat au ministère fédéral de l’Environnement à une table ronde sur le sujet de la « réconciliation de l’économie et de l’écologie ».
Sujet que j’ai abordé en posant d’emblée la question de savoir s’il s’agissait d’une réconciliation ou d’une conciliation.
Alors que les deux phénomènes écologiques majeurs que nous connaissons sont l’épuisement des ressources énergétiques et le défi climatique,
que l’on oppose à tort les politiques environnementales et sociales,
que la crise exacerbe les contradictions,
que bien souvent seuls les représentants des pays du Nord osent se risquer sur les priorités environnementales et que les premières victimes du réchauffement climatique sont les populations les plus pauvres qui vivent d’abord dans les pays du sud, j’ai plaidé pour une écologie équilibrée et durable entre l’homme et la nature.
Face à la destruction des forêts et de la biodiversité, à la pollution de l’air, des sols et des eaux, à l’accumulation des déchets,… nous devons apporter des réponses économiques, sociales et citoyennes aux questions écologiques pour un développement durable humain.
Nous sommes tous conscients de l’urgence écologique mais comment rentrer véritablement dans l’économie verte ?
Comment créer une société économe en carbone malgré nos contraintes budgétaires, économiques et sociales alors que le monde et l’Europe se déchirent pour savoir qui paiera la facture (la fracture ?) climatique ?
Face à ces questions, ce sont les trois principes et quatre pistes de travail sur lesquels nous avons travaillé avec Philippe Jurgensen dans le cadre d’Inventer à gauche (cercle de réflexion que je préside) que j’ai exposés.
Un principe d’économie tout d’abord, visant à réguler la demande par les prix, pour qu’il soit plus onéreux d’adopter un mauvais comportement écologique plutôt qu’un bon. Orienter l’offre pour qu’il devienne rentable d’économiser l’énergie, d’investir dans les énergies renouvelables et les technologies propres.
Un principe d’équité ensuite, par des aides aux personnes où les malus appliqués aux comportements énergivores des plus favorisés doivent financer les soutiens aux plus défavorisés selon un principe de solidarité.
Enfin, un principe d’intervention publique, en associant étroitement les gouvernements locaux dans la mise en œuvre des politiques de développement durable (énergie, habitat, transport,…) et en reconnaissant plus nettement leur rôle et leur place.
Les quatre grandes propositions visant à stimuler la croissance verte sont :
Etablir comme en Suède par exemple, une contribution énergie climat à un niveau suffisant (qui pour être juste devrait être fixé en tenant compte des revenus des citoyens) et réformer la fiscalité.
Doper le développement durable urbain en tenant compte de la croissance démographique que vont connaître les grandes villes (le « fait urbain ») et donc de la nécessité de bien coordonner l’ensemble des politiques (de transports, d’habitat, d’aménagement) afin de lutter contre le phénomène de l’étalement urbain.
Réorienter les programmes de recherche publique sur les technologies propres pour que cela devienne une priorité à la fois nationale et européenne.
Créer une véritable agence de l’environnement au sein de l’O.N.U. complément indispensable aux institutions financières et commerciales du système international, avec de réels pouvoirs exécutifs et de sanction qui permettrait aussi de donner une juste place aux pays du Sud.