Il aurait pu devenir guide de haute montagne. Il a laissé ce privilège à son fils, n’ayant pas eu le temps, à sa sortie de Sciences Po et de l’Ecole nationale de la santé publique, de donner un tour professionnel à sa passion pour la montagne.
Engagé sans transition au service de l’hôpital public Bichât puis Antoine-Béclère, il est nommé à vingt-neuf ans à la tête de l’Hôtel Dieu, plus jeune directeur de tous les temps, avec 2000 personnes à gérer dont des chefs de service de très haut niveau!
Très vite reconnu par ses pairs et les ministres qui se succèdent, il franchit toutes les étapes: président du Syndicat des cadres hospitaliers, Directeur général des hôpitaux, Inspecteur général des affaires sociales, Délégué général de la FHF, président de la Fédération internationale des hôpitaux.
En présence de Marisol Touraine et des présidents successifs de la FHF Gérard Larcher, Claude Evin, Jean Leonetti et Frédéric Valletoux, le monde hospitalier et sanitaire tout entier se pressait autour de lui, mardi dernier, dans les salons du Sénat, pour lui témoigner, au moment de son départ en retraite, estime, reconnaissance et amitié.
Professionnel de haut vol, manager reconnu de tous, il a su contribuer à installer en France une culture de la négociation et du partenariat dans le secteur hospitalier et médico-social. Toujours à l’écoute, il savait entendre, s’opposer ou proposer, avec intelligence et sens inné des situations.
J’ai toujours apprécié mes rencontres avec Gérard Vincent. Esprit curieux, avisé et perspicace, il aimait parler montagne, culture, politique, hôpital bien sûr. Et au fil du temps, on se prenait à rêver à la mise en valeur des atouts de notre pays, nous posant en quelque sorte en héritiers modestes mais résolument tournés vers l’avenir d’une histoire qui, notamment dans le domaine de la santé, faisait de la France une belle référence dans le monde entier.
Gérard Vincent va manquer à l’hôpital public français, qui a devant lui de grandes et délicates étapes à négocier, au-delà des questions financières : celle de la mise en œuvre des Groupements hospitaliers de territoire ou celle de la valorisation au plan international de l’hôpital public français (formation médicale et paramédicale, qualification des chefs d’établissement, recherche clinique, transfert de savoir-faire thérapeutique, applications industrielles et de services,…).
David Gruson, désormais nouveau Délégué général de la FHF, va relever le défi. Il est jeune et talentueux. Je lui souhaite, de tout cœur, la même réussite que celle de Gérard Vincent.