L’année 2017 se termine avec son cortège de moments heureux et de passages éprouvants ou douloureux.
La mondialisation nous saisit tous les jours un peu plus, dans un tourbillon de défis, d’espoirs et de menaces. Même le terrorisme sévit à l’échelle du monde et nous oblige à nous organiser en conséquence.
Comment, dans ces conditions, proposer un vivre-ensemble synonyme de partage et d’espérance pour tous?
En refusant déjà peut-être le simplisme politique et les visions à court terme qui diabolisent l’Europe, les États-Unis ou la Chine, en confondant institutions, dirigeants et peuples dans une fâcheuse paresse intellectuelle.
En se battant pour réduire les fractures sociales, territoriales, fiscales et surtout éducatives qui n’ont jamais été aussi fortes qu’aujourd’hui et qui, à bien des égards, sont à l’origine de la montée des populismes.
Au printemps 2017, jusqu’au bout, j’ai voulu porter les valeurs et les convictions qui sont les miennes, j’ai voulu me battre pour faire vivre ou revivre la social-démocratie, cette idée à laquelle j’aurai consacré toute ma (longue) vie militante et publique.
Devant la difficulté de la tâche, après tant de déceptions, d’abandons et finalement d’échecs, fallait-il renoncer? Fallait-il éviter ce « combat de trop » pour reprendre la curieuse expression de ceux qui ne croient ni à la pertinence de l’engagement collectif ni à la nécessaire continuité dans cet engagement?
Pour mon « confort » personnel, peut-être…
Pour l’idée que je me fais de la parole donnée aux militants, au nom du combat « éternel » pour ses valeurs et ses convictions, sûrement pas!
Jusqu’au bout, j’ai voulu mener, avec une suppléante de grande qualité, avec un directeur de campagne apprécié de tous, avec des militants et sympathisants formidables, une campagne de sincérité, sur le terrain, avec les habitants.
Jusqu’au bout, j’ai refusé de tourner le dos à ma famille socialiste, avec qui j’ai cheminé pendant des décennies.
Jusqu’au bout, j’ai refusé de masquer mon étiquette, d’entretenir la confusion.
Et au bout du bout, au champ du déshonneur j’ai préféré le camp de la conviction, et affirmé qu’il valait toujours mieux perdre des élections que son cœur et son âme!
Faire vivre une démocratie où la pluralité l’emporte sur l’uniformité, le populisme ou les extrémismes, n’est pas une idée dépassée, à laisser au monde d’hier.
Décrier les partis, les syndicats ou les collectivités territoriales et s’en remettre à un chef, tacticien et communicateur hors pair, n’est pas une idée d’avenir. L’histoire de la France comme du monde est « riche » de ces mouvements populaires qui naissent dans l’espoir du meilleur et s’abîment un jour dans les désillusions.
Est-ce appartenir à un monde dépassé, que de croire au débat des idées, au choc des convictions, au-delà du concours de beauté et de communication, pour participer à l’émergence du monde de demain, où l’intelligence humaine maîtrisera l’intelligence artificielle, où le développement économique, la solidarité sociale et la protection de notre planète trouveront leur équilibre?
2017 se termine pour chacun d’entre nous avec des souvenirs contrastés.
Comment cacher, par exemple, l’émotion et la tristesse que j’ai ressenties aux départs de personnalités et d’amis qui ne pouvaient me laisser indifférent?
Au plan national, Edmond Maire s’en est allé en laissant une belle trace de syndicaliste ayant œuvré avec Michel Rocard pour réconcilier socialisme et démocratie.
Et François Chéréque, son digne successeur, parti trop tôt, un an avant son père Jacques, autre beau symbole de l’engagement.
Et Simone Veil qui a marqué son siècle, son pays et l’Europe.
Et Fred Moore, dernier Chancelier de l’Ordre de la Libération, dont je me sentais si proche.
Et Pierre Bergé, l’ami des belles lettres…et de Grenoble.
Et Henri Emmanuelli, qui n’aura jamais, sa vie durant, renié ses valeurs et ses convictions.
Au plan local, j’ai été touché par le départ de Jean-Philippe Motte, cette belle figure exigeante de la gauche associative, ainsi que par ceux de Jean-Paul Roux et Jean-François Parent, autres collègues et amis, militants engagés jusqu’au bout.
Et comment ne pas avoir été bouleversé par la disparition d’Anne-Marie Mingat, « Mimi », cette grande dame, solaire, symbole de la résistance, poussée par une magnifique envie de vivre et une formidable aptitude à s’émouvoir des injustices du monde.
Cependant, au-delà de ces moments de peine, de belles rencontres artistiques ou sportives ont jalonné 2017 et m’ont particulièrement marqué.
J’ai aimé « My Ladies Rock », cette superbe chorégraphie de Jean-Claude Gallotta.
J’ai aimé les expositions Kandinsky à Grenoble, Cézanne et Cartier-Bresson à Martigny.
J’ai aimé l’AR(t)BRE, ce splendide ouvrage de Martine Francillon.
J’ai aimé les concerts des Musiciens du Louvre à Grenoble, en dépit du lâchage municipal, et le festival Ravel à Ciboure / St Jean-de-Luz.
J’ai aimé François Morel au Grand Angle et le Festival international du cirque à Voiron.
J’ai été heureux de l’achèvement de la réalisation du complexe de Grenoble-tennis pour lequel je me suis fortement engagé et je me suis réjoui de la promotion des équipes grenobloises de football, de basket et d’ultimate.
Et j’ai pris beaucoup de plaisir, d’intérêt et d’attachement à certains déplacements, à quelques visites et découvertes:
des entreprises Biossun et Finoptim,
de la cinémathèque de Grenoble,
de l’association Kiap à la Villeneuve,
des élèves « pompiers juniors » au Collège Olympique,
des militaires de l’opération Sentinelle,
de la bergerie d’Ezy, où les jeunes sont invités à poser leur sac,
du Fournil, ce lieu d’un formidable engagement solidaire,
des Galapiats, ses apprentis mécaniciens et pilotes,
avec Max Gavi, devenu mon ami, qui a tant donné pour « vaincre la Mucoviscidose »,
avec les anciens résistants et combattants lors des nombreuses commémorations patriotiques, pour rappeler qu’on ne construit pas l’avenir en refusant de tirer les leçons du passé,
avec Mina Puddu en Sardaigne, après toutes ces années de dévouement pour faire vivre la cause sarde à Grenoble,
avec Marie en Lituanie, la terre de ses aïeuls maternels, dans son engagement passionné pour que vive l’amitié entre Kaunas et Grenoble.
Et encore, est-il vraiment nécessaire de rappeler mon attachement à la montagne, les 50300m de dénivelé positif à travers les massifs de Belledonne, Chartreuse, Vercors, Vanoise et Mont-Blanc? Et l’ascension du Kilimanjaro, toit de l’Afrique avec ses 5895m, en complicité avec mon fils Matthieu?
Et maintenant?
Fidèle à mes principes, plutôt dans la conquête de l’avenir que dans la nostalgie du passé, la vie continue. Plus que jamais!
Sans contraintes institutionnelles, me voilà libre de desserrer les horizons familiaux, culturels et artistiques.
Me voilà encore plus disponible pour la montagne et pour découvrir nombre de pays à travers le monde.
Me voilà aussi confronté à l’archivage de documents hérités de 19 ans de mairie et de 29 ans d’Assemblée nationale, une mine de textes et de photos qui me poussent à réfléchir à leur mise en valeur pour l’avenir.
Et les activités professionnelles et politiques?
Profondément attaché à l’Aide Publique au Développement, j’ai décidé de ne pas lever le pied et de mettre à disposition mon expérience de maire, à travers notamment les politiques menées au Burkina Faso (la restauration scolaire à Ouagadougou en particulier) ou au Niger (avec l’opération des puits du désert), comme avec les réseaux tissés durant mon passage à la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et au Conseil d’administration de l’Agence Française de Développement.
Et puis, grâce à l’amicale complicité de son président Hervé Gouyet et de son secrétaire général Jean-Pierre Cerdan, je reste administrateur d’Electriciens Sans Frontières, cette ONG remarquable où les bénévoles se dépensent sans compter dans le monde entier au bénéfice des populations les plus démunies ou les plus marquées par le sort, comme en Haïti, ou dernièrement à Saint Martin ou à La Dominique après l’ouragan Irma.
Par ailleurs, c’est avec un réel plaisir que j’ai renoué mes liens avec le monde de l’entreprise et celui des collectivités territoriales, proposant aux uns et aux autres de développer, en partenariat avec des réseaux spécialisés, des stratégies d’intelligence économique, d’innovations technologiques et humaines ainsi que des politiques vertueuses d’économies.
Je n’ai pas abandonné, non plus, mes engagements pour les investissements pertinents et surtout quand ils peuvent se développer au plan européen.
Désormais administrateur de La Transalpine, présidée par mon ami Jacques Gounon, par ailleurs Directeur Général d’Eurotunnel, je reste actif pour promouvoir le Lyon-Turin aussi bien pour raisons environnementales qu’économiques. L’avenir de l’Europe du Sud, de Lisbonne à Budapest, en dépend profondément.
Et politiquement?
Tant que mes capacités physiques et intellectuelles ne me feront pas défaut, j’essaierai d’apporter ma pierre à l’édification d’un univers plus humain.
Or notre monde (Europe et États-Unis en tête) tourne mal, avec les montées des inégalités et des populismes.
N’est-il pas grand temps de se souvenir, avec Ricardo, que « le vrai but de l’économie est de réduire les inégalités, ce qui passe aujourd’hui plus que jamais par la réduction des inégalités intellectuelles »?
L’heure est donc prioritairement à l’élaboration d’un projet progressiste proposant une vision à long terme, à l’échelle de l’humanité, qui refuse ces modèles désespérants « d’apartheid social ».
C’est dans cette voie que s’inscrivent les travaux du cercle Inventer À Gauche que je préside et qui a décidé de nourrir le débat au sein de la gauche réformiste et européenne, à partir de 4 thématiques: la social-démocratie; les fractures sociales et territoriales; la compétitivité, l’industrie, la mondialisation; les relations capital-travail. Soit autant de sujets qu’il faut réinventer de façon contemporaine, à l’échelle du monde et de l’intelligence humaine.
Et au plan local?
Il ne faut jamais désespérer…
Inventer À Grenoble, le club que j’anime, a décidé de poursuivre ses activités en privilégiant les débats de fond, pouvant éclairer un projet à l’échelle pertinente de la métropole grenobloise.
Il faut, par dessus tout, redonner un sens à l’avenir de notre territoire, sortir des replis sectaires et idéologiques, reprendre le chemin du dynamisme, de l’attractivité et de la solidarité. Vaste programme qui nécessite l’effort de réflexion et de rassemblement du plus grand nombre!
J’aiderai, à titre personnel, celles et ceux qui veulent s’inscrire dans une démarche constructive de rassemblement progressiste et de propositions audacieuses, à la mesure d’un des plus beaux et des plus performants territoires français.
Au total, autant avouer que les journées sont bien chargées et que les problèmes d’agenda se multiplient…
Mais l’idée d’apporter une contribution, même infiniment petite, au plan personnel comme collectif, à l’avenir du monde, me permet de supporter ce foisonnement d’activités.
Il est temps de terminer en souhaitant à toutes et à tous le meilleur pour 2018, des petits et des grands bonheurs, tout ce qui donne sens et espoir dans la vie!