Inauguration du Centre d’Accueil Intercommunal et du CHRS Henri Tarze

Nov 10, 2011 | 3e circonscription, Actualités | 0 commentaires

Ce matin, j’ai inauguré le Centre d’Accueil Intercommunal et le CHRS Henri Tarze en présence de mon Ajoint en charge de l’action sociale et familiale Olivier Noblecourt également Vice-président du CCAS, du Vice-président de la Métro Jean-Philippe Motte, du Vice-président du Conseil général José Arias, de la Conseillère générale du canton V de Grenoble Christine Crifo, de l’élu de secteur Pascal Garcia et de la Directrice départementale de la cohésion sociale, Danielle Dufourg, représentant l’Etat.

Le 1er novembre une femme a accouché dans la rue à Paris d’un enfant déclaré mort-né. Cette scène s’est déroulée au XXIème siècle et dans un des pays les plus favorisés du monde. Elle s’est produite quatre ans après qu’il nous ait été promis que notre pays n’aurait à ce jour plus aucun Sans Domicile Fixe. Nous en avons pris connaissance, entre autres faits divers tragiques, alors que la France compte pourtant 133000 personnes privées d’un toit et que 680000 personnes n’ont toujours aucun domicile personnel.

Nous le savons, la montée de la précarité ces dernières années a avivé les problèmes de logement. Depuis 10 ans, les loyers ont augmenté de 25 % tandis que le revenu mensuel des locataires a baissé de 2% selon les études effectuées par les agences immobilières. L’explosion du chômage mais aussi celle du nombre de travailleurs pauvres, la précarisation du monde du travail, où 80% des nouveaux contrats sont désormais à durée déterminée, tous ces phénomènes que nous connaissons bien, dénoncés par tous mais insuffisamment combattus, se sont ajoutés au manque historique de logements dans notre pays pour nous conduire à la crise que nous subissons aujourd’hui. Une crise du logement qui devrait plutôt être qualifiée de crise de l’absence de logements pour un nombre de plus en plus grand de personnes et de familles.

Jadis les dispositifs d’hébergement ne s’adressaient qu’à des personnes en grande exclusion. Mais aujourd’hui, ils sont devenus nécessaires à toutes sortes de précaires. Plus aucune classe d’âge ni même plus aucune classe sociale n’est ou ne se sent à l’abri d’être ou de devenir de se trouver en grande difficulté.

Lorsque nous considérons les époques passées nous jettons sur elles un regard distant, étonné, nous nous demandons comment les hommes pouvaient alors accepter ce qui apparaît inacceptable à nos yeux d’êtres humains civilisés. Cependant sommes-nous bien certains que nos descendants, dans deux ou trois siècles, ne seront pas tout autant choqués que nous ayons pu laisser des hommes et des femmes mourir dans la rue ou y vivre des vies qui n’en étaient pas ?

L’hébergement d’urgence et l’hébergement dans des foyers ne sont pas pourtant seulement affaires de solidarité. L’hébergement d’urgence, c’est avant tout un devoir d’assistance à personne en danger. Je sais qu’on nous rétorque au niveau gouvernemental qu’il faut proposer des logements plutôt que des places d’hébergement – soit dit en passant pour réduire l’hébergement sans multiplier les logements ! Mais vous savez bien, vous les militants associatifs et les professionnels de l’action sociale, que ce discours se trouve déconnecté de la réalité car il ne nous dit pas comment répondre à l’urgence.

Dans la réalité, on sauve d’abord un être humain de la rue. Et ensuite, et seulement ensuite, on construit avec lui un parcours d’insertion. La gestion au quotidien des conséquences des phénomènes d’exclusion est un préalable indispensable. L’hébergement d’urgence est donc indispensable.

Nous y avons toujours veillé à Grenoble. Notre commune offre aujourd’hui la totalité des places d’urgence et plus des deux tiers des capacités d’hébergement de notre agglomération. En témoigne une nouvelle fois aujourd’hui l’inauguration du Centre d’Accueil Intercommunal et du nouveau local du CHRS Henri TARZE.

Ne le nions surtout pas : l’effort pour l’hébergement d’urgence était aussi nécessaire à Grenoble. La crise économique nationale a accru la précarité dans la population grenobloise, comment aurait-il pu en aller autrement ?
Et la longue tradition d’accueil de Grenoble – que je veux revendiquer avec force, je ne la regrette pas, je l’assume au contraire – cette longue tradition d’accueil a elle aussi augmenté les besoins de logement d’urgence dans une agglomération qui abrite de nombreux demandeurs d’asile.
Je vous le dis toutefois de tout mon cœur : rien ne serait pire que d’opposer les uns aux autres. La misère des uns n’est pas responsable de la misère des autres.

Voilà pourquoi il nous fallait moderniser et agrandir nos structures d’accueil. C’est une joie pour moi de voir notre centre d’accueil, qui était vétuste, être enfin transféré dans de nouveaux locaux en même temps qu’il devient intercommunal.

Avec le CHRS Henri TARZE, nous allons avoir ici deux établissements fonctionnant de manière autonome et distincte. Le centre d’accueil se veut adaptéà tous les types de publics avec trois espaces de vie, un pour les hommes, un autre pour les femmes et un dernier pour les familles. Je me félicite que sa conception architecturale lui permette de recevoir dans des conditions dignes – et j’insiste beaucoup sur ce mot car il est fondamental – les ménages tout en assurant la sécurité des personnes et des biens. Cette conception est le gage d’une bonne convivialité de séjour pour tous. Je veux également faire remarquer que le système que nous avons mis en place veillera à ce que pas un hébergé ne soit enfermé dans sa solitude. Il ne suffit pas en effet d’héberger. Il faut aussi prévoir tout acte d’auto-violence et plus largement tout ce qui peut contribuer à la déstructuration psychique de personnes qui souffrent. Nous avons ainsi veillé à garantir les meilleures conditions d’accueil pour le public comme nous avons voulu assurer les meilleures conditions de travail pour le personnel.

Quant à notre Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale, destiné à accueillir des personnes isolées, des couples et des familles avec enfants sur des périodes qui pourront aller jusqu’à un an et demi, il mettra des appartements à disposition des hébergés, avec – et c’est là encore très important – des cuisines autonomes. Le CHRS sera de la sorte un véritable outil de réinsertion sociale.

Mesdames et messieurs, ces deux équipements vont participer d’une politique de l’hébergement cohérente dans notre agglomération. Je remercie la Métro de s’être saisie de cette compétence pour travailler avec nous. Il est certes inévitable que Grenoble supporte des charges de centralité. Mais Grenoble, dont un habitant sur cinq se situe en-dessous du niveau de pauvreté et qui doit donc déjà faire face à des situations tendues, Grenoble ne peut pas régler seule les problèmes de notre agglomération.

Notre Ville ne pourrait d’ailleurs rien entreprendre pour une action sociale ambitieuse sans le concours de tous ceux qui partagent notre exigence de ne laisser personne sur le bord de la route. C’est pourquoi je salue et remercie en tout premier lieu tous les professionnels municipaux et para-municipaux avec lesquels nous faisons fonctionner nos structures d’accueil et nous bâtissons des parcours d’insertion. Je les assure que nous sommes très conscients des difficultés de leur tâche. Comme tous les travailleurs sociaux ils sont confrontés à un public de plus en plus difficile à gérer, ils doivent faire face à l’agressivité, la colère, la révolte d’individus qui s’en prennent à ceux-là même qui s’emploient à les aider. A tous ces professionnels de l’action sociale j’exprime notre reconnaissance à l’occasion de cette rencontre. Agents de la Ville et du CCAS, vous êtes ceux par qui la société conserve une forme de cohésion en tendant la main à ceux qui ont décroché. A l’heure de l’aggravation des inégalités, vous êtes ceux par qui notre société demeure une civilisation où la notion d’humanité conserve encore malgré tout toute sa force.

Je veux saluer et remercier également nos partenaires : l’ensemble des associations membres du Collectif des bénévoles, celles membres aussi des Collectif Alertes et FNARS qui sont particulièrement présentes à nos côtés, qu’il s’agisse de la gestion des dispositifs d’hébergement, des maraudes ou même, comme nous l’avons vécu l’année dernière, lors de la gestion des camps de demandeurs d’asile.

Malgré la mobilisation d’importants moyens publics, financiers et humains, rien ne serait durablement possible sans votre concours à tous – sans le soutien de tous vos bénévoles dont l’efficacité n’a d’égale que la très grande générosité.

Je veux saluer naturellement aussi Grenoble-Habitat, maître d’œuvre de ce bâtiment et propriétaire des locaux du CHRS qu’elle louera à notre CCAS.

J’adresse enfin un très grand merci à nos partenaires institutionnels : l’Etat, le Conseil général et la Métro, que j’ai déjà citée mais à laquelle je renouvelle une fois encore l’expression de notre gratitude. Sans doute sommes-nous pour eux des partenaires très exigeants, parfois même très revendicatifs. Mais qu’ils sachent que cette exigence est en réalité celle que nous avons pour la solidarité. A l’heure où nous subissons en France une crise de l’hébergement, dénoncée avec raison par l’ancien ministre Xavier EMMANUELLI, nous sommes fiers de ce que nous réalisons du moins à Grenoble pour nos concitoyens les plus fragiles. Nous pensons même qu’il ne nous servirait à rien d’être un pôle d’excellence scientifique et industriel de niveau mondial si nous devions abandonner dans le même temps à leur sort nos concitoyens qui ne sont pas en situation de pouvoir suivre ce mouvement.
On dit qu’un groupe humain va plus vite s’il suit le rythme des plus rapides mais qu’il va plus loin s’il se soucie de conserver tous ses membres.
Aller loin, et avec le souci de l’humain, tel est notre projet. Je ne doute pas que nos partenaires le partagent et je suis sûr que nous pourrons compter sur leur soutien financier pour redoubler d’ambitions dans notre action sociale.

A tous un grand merci à l’heure où nous inaugurons ensemble notre Centre d’Accueil Intercommunal et notre CHRS Henri TARZE.