Monsieur le Président,
Mes chers collègues,
Monsieur le Directeur Général des Services,
Mesdames, Messieurs,
Merci tout d’abord à notre doyen Bernard Betto qui s’est parfaitement acquitté de sa fonction de président de début de séance.
Merci aussi bien sûr à vous tous, mes collègues, mes amis, qui venez de m’élire maire de Grenoble pour la troisième fois.
Vous savez la passion que m’inspire Grenoble, cette ville que j’aime intensément.
A l’heure où débute ce 3ème mandat, je voudrais vous dire que si ma passion et ma détermination à agir pour Grenoble restent intactes, elles sont aussi chargées d’émotion.
– émotion en pensant à mon père, décédé hier, trois mois après ma mère, tous deux à qui je dois tant et qui étaient devenus si fiers des responsabilités que m’avaient confiées les électeurs.
Je leur adresse un message de tendresse inspiré par cette phrase de Louis Aragon à laquelle je me raccrochais si fort hier : »un beau soir, l’avenir s’appelle le passé ; c’est alors qu’on se tourne et qu’on voit sa jeunesse »
– émotion aussi en pensant à Hubert Dubedout qui avait connu avant moi ce privilège d’un 3ème mandat au service des Grenoblois
– émotion en voyant, sur le banc du public, Annie Deschamps avec qui j’ai cheminé pendant 30 ans au gré des épreuves et des joies ; Annie Deschamps à qui notre ville et notre département doivent tant !
Mes chers collègues, je ne voudrais pas oublier de remercier non plus tous les élus qui ont siégé au sein de ce Conseil depuis 1995. Ensemble, nous avons redressé l’image de Grenoble, nous avons rétabli sa santé financière, nous avons engagé des projets majeurs :
– dans le domaine de la solidarité avec une très forte augmentation du budget du CCAS (supérieure à 20 M€), avec la construction de près de 4500 logements, avec le renouvellement des quartiers Teisseire et Mistral,
– au plan économique avec la réalisation de l’Alliance, de Minatec ou des pôles de compétitivité,
– dans le champ de l’insertion avec le forum pour l’emploi ou la zone franche urbaine,
– au plan des déplacements avec la 3ème ligne de tramway, les zones 30 et les pistes cyclables,
– dans la construction de nouveaux quartiers comme Vigny Musset,
– dans la réalisation de grands équipements (MC2, multiplexe cinématographique, cité scolaire internationale, Parc Paul Mistral, Stade des Alpes, Patinoire pôle sud et piscine des Dauphins) comme des équipements scolaires, socioéducatifs, culturels et sportifs de proximité,
– dans le domaine du vivre ensemble avec la commémoration de la Libération de notre ville ou des Jeux Olympiques de 1968.
Oui, que de chemin parcouru, au bénéfice de tous les quartiers de notre ville et dans tous les secteurs d’activité, qu’il s’agisse du social, de la culture, de l’éducation, du sport, de l’accessibilité ; qu’il s’agisse de l’intergénérationnel, de l’international ou de multiculturel !
Tout cela témoigne de l’engagement de tous les élus et de l’administration municipale au service de Grenoble, des Grenobloises et des Grenoblois. Qu’ils en soient tous remerciés!
* * *
Dimanche dernier, le suffrage universel s’est prononcé et les Grenoblois ont formulé un choix clair. Un choix clair, un choix historique, un choix exigeant, aux municipales comme aux cantonales, avec l’élection de nos collègues Christine Crifo, Jacques Chiron et Alain Pilaud, que je salue très chaleureusement et qui rejoignent notamment dans l’assemblée départementale Gisèle Perez et Denis Pinot venus amicalement ce soir!
Je n’oublie pas que Grenoble demeure une ville attachée au mouvement et à l’innovation, à la liberté et à la générosité. De la journée des Tuiles à la capitale des Maquis, notre ville a écrit, inlassablement, une histoire qui ne s’accommode ni du conformisme, ni de la soumission.
Dans le respect de cette histoire, il appartient désormais à chacun d’entre nous, dans le rôle qui lui sera confié, d’honorer son mandat, au nom de l’intérêt général.
C’est un honneur et une chance en effet que de servir Grenoble, cette ville à l’histoire et à la géographie exceptionnelle.
Une ville qui a su ingénieusement combiner les aspirations et les passions des conquérants de l’utile et des conquérants de l’inutile, selon la belle expression de Lionel Terray.
Nous sommes les héritiers de ceux qui ont fait Grenoble, de la découverte de la Houille Blanche aux dernières applications des Sciences du Vivant.
Nous sommes aussi les détenteurs d’un autre trésor, qui pousse vers les cimes environnantes, car nous savons que gravir une montagne a une valeur ajoutée, celle de ne servir à rien, loin de la loi du marché, qui prévoit des contreparties à l’investissement, au risque.
Au fond, puis-je dire avec Marcel Proust que "l’amour "de Grenoble", c’est l’espace et le temps rendus sensibles au cœur".
Et bien cette ville, nous devons l’inscrire dans un destin lui aussi exceptionnel relevant les défis qui sont ceux du 21ème siècle : la mondialisation, l’évolution des accès à l’information, l’allongement de la durée de la vie, le réchauffement climatique, l’accélération de l’urbanisation et l’explosion des déplacements.
Ce destin, nous devons le construire, dans un monde devenu multiculturel, en conciliant les objectifs du sommet européen de Lisbonne – la société de la connaissance – et ceux du sommet de Göteborg – la société durable.
La société de la connaissance, ici, à Grenoble, c’est le lien entre l’Université, la Recherche et l’Industrie qui constitue un formidable héritage et un atout majeur.
Je veux rappeler que grâce à l’innovation, la croissance des emplois est 2 fois plus élevée en Isère (+16%) qu’en France (+7%), et singulièrement en région grenobloise où l’on enregistre toujours une forte progression des emplois (plus de 10 000 en solde brut depuis 95 !).
Mais la société de la connaissance, c’est aussi assurer la formation tout au long de la vie.
Il faut former pour les entreprises, pour les institutions, les associations, des acteurs capables d’intégrer les grandes questions sociales et environnementales dans une stratégie de développement équilibré, en offrant à tous, partout sur la planète, l’accès à l’énergie, à l’eau, à l’alimentation, à la santé, à l’information, à la formation.
La société de la connaissance c’est enfin la volonté de faire de Grenoble une ville éducatrice : de la petite enfance au parcours d’accès ou de retour à l’emploi, l’éducation doit être le fil rouge de notre action, en partenariat exigeant avec l’Education nationale, les autres collectivités et le tissu associatif.
La société durable, c’est la lutte résolue contre le réchauffement climatique par le développement des transports en commun, la protection thermique des bâtiments, la réduction de la part des ressources fossiles dans la production d’énergie ou encore l’évolution de la conception urbaine de nos villes.
Société de la connaissance, société durable, société multiculturelle, ville ouverte sur le monde, solidaire et fraternelle, voilà le destin que je souhaite pour Grenoble !
Mes chers collègues, dans les six années à venir, le pluralisme, la confrontation des idées, l’expression des convictions qui ont marqué la campagne, ne manqueront pas d’animer des débats riches, dans cette enceinte et devant les Grenoblois. Des débats que je souhaite voir rester dignes, respectueux des personnes et des convictions et utiles à l’action de notre ville.
Ne perdons jamais de vue que les attentes de nos concitoyens sont considérables. D’autant plus considérables que plus encore que toute autre ville de France, Grenoble change au rythme du renouvellement de sa population, au rythme de l’accueil de nouveaux habitants issus des cinq continents, comme un clin d’œil, déjà, aux anneaux olympiques.
Avec une population qui évolue, dans un monde lui-même en perpétuel mouvement, c’est l’organisation sociale de notre ville qu’il est nécessaire d’adapter en permanence pour construire son avenir.
Son avenir, c’est d’abord la dynamique de vie, celle de tous les âges !
Celle de l’enfance et de la jeunesse qui incarnent précisément ce futur que nous devons construire ensemble.
Celle des familles qui doivent plus facilement trouver à se loger.
Celle des personnes âgées enfin dont notre action à leur égard ne peut se réduire aux seules politiques gérontologiques mais doit s’appuyer sur les expériences accumulées par les jeunes retraités qui doivent trouver une place active dans notre société.
L’avenir de Grenoble, c’est celui de tous les Grenoblois !
C’est dire qu’il ne doit pas y avoir dans notre ville de citoyens de seconde zone. Reconnaissons que la diversité a encore trop souvent du mal à passer le stade de la rhétorique.
C’est vrai de la diversité culturelle, de la diversité religieuse mais aussi et surtout de la diversité sociale. Nombreux sont ceux qui en parlent ou qui la louent. Plus rares, beaucoup plus rares sont ceux qui la mettent en œuvre. Je me refuse pourtant à renoncer à cette exigence de solidarité et à l’impérieuse nécessité d’assurer, par exemple, la construction de logements supplémentaires, et bien sûr sociaux, dans tous les quartiers de Grenoble.
L’avenir de Grenoble, c’est enfin celui des territoires !
Condamnant les doubles discours sur la réduction de la fracture sociale et géographique et la préservation du cadre de vie, je ne renonce pas, au contraire, à toute ambition qualitative : Grenoble doit être une ville encore plus belle et agréable à vivre !
Cœur de Ville Cœur d’Agglo, la 5ème ligne de tramway, la redistribution de l’espace public en faveur des transports en commun et des modes doux que permettra la réalisation de la rocade, le réaménagement des quais et la création d’une piste cyclable du polygone au campus, la poursuite de la requalification des quartiers sud avec Villeneuve et Village Olympique, l’aménagement de Bouchayer Viallet et de la Caserne de Bonne dessineront demain le nouveau visage de Grenoble.
Un visage urbain, social et écologique qui aura fait de la lutte contre la pollution une priorité partagée par l’ensemble des Grenoblois.
Les villes paraissent souvent, nous le savons, hostiles à leurs habitants. Depuis 13 ans, nous avons collectivement engagé des processus qui atténuent cette ‘’hostilité’’. La beauté de notre cadre géographique doit nous guider sur la voie d’une action de plus grande envergure encore.
Quoi de plus enthousiasmant, en effet, que de léguer aux générations futures une cité agréable à vivre ?
Quoi de plus passionnant, comme nous l’avons fait avec Tram 3, que de mettre fin aux ruptures urbaines héritées du développement accéléré et mal maîtrisé de Grenoble lors de la seconde moitié du 20ème siècle ?
Quoi de plus passionnant que d’imaginer le visage de notre ville dans 10, 20 ou 30 ans ?
Quoi de plus passionnant que de redonner toute sa chance au fait urbain ? D’Athènes à Londres, en passant par Rome, Paris, New York, Los Angeles, Tokyo, l’histoire des civilisations se confond avec celles des villes. Ne l’oublions jamais!
Aussi, pour donner à notre ville toute sa chance, et dans l’attente d’une vraie décentralisation, enfin au profit des villes et des agglomérations, renforçons nos liens avec les autres collectivités dans un travail en réseau plus resserré encore.
Ainsi, avec la communauté d’agglomération, en permettant à la Ville Centre de renforcer sa place et son rôle aussi bien dans la composition du Conseil que dans l’exécutif.
Avec Didier Migaud, son Président et ami (dont je salue la présence ce soir), nous porterons ensemble cette juste exigence auprès de nos collègues de l’agglomération.
Dans le même esprit, nous poursuivrons l’approfondissement de nos liens avec le Département et la Région et nos partenariats dans le cadre du réseau des grandes villes de Rhône-Alpes. C’est l’occasion pour moi de saluer chaleureusement mon amie Bernadette Laclais, Vice-Présidente de la Région Rhône-Alpes et Maire de Chambéry.
Au-delà de ces liens avec les collectivités de Rhône-Alpes, il nous faut renforcer aussi la vocation universelle de notre ville par une plus grande attention à la construction européenne, par une plus grande ouverture encore sur d’autres villes du monde, d’Europe, d’Asie mais aussi et surtout du Sud, que nous devons assurer de notre solidarité sans faille.
* * *
Pour donner à Grenoble toute sa chance, il nous faut aussi nous souvenir que si notre ville est un laboratoire scientifique et technologique, elle est aussi un laboratoire social et sociétal, et qu’il y a là une tradition dans laquelle nous nous inscrivons plus que jamais. Qu’il s’agisse d’emploi, de logement, de santé, de précarité, de sport, de culture, il nous faut encore et toujours expérimenter pour innover !
* * *
Mes chers collègues, un rendez-vous démocratique majeur marque toujours le début d’une nouvelle étape. Nous agirons, pendant 6 ans, sous le regard des Grenoblois. Ils sont les véritables inspirateurs de ma démarche. Ils en seront les seuls juges.
Mon ambition est évidemment de mettre en œuvre tous les éléments du projet approuvé par le suffrage universel. Elle s’accompagne d’une détermination très forte : fédérer les énergies, dépasser les considérations politiciennes qui bloquent, qui divisent, qui stérilisent l’action ; tous les élus, qu’ils soient majoritaires ou minoritaires, dans leur diversité, seront respectés, écoutés, entendus quand leurs propositions seront opportunes.
* * *
D’ici la fin de l’année, nous établirons les nouvelles règles du jeu de la démocratie participative que nous souhaitons établir avec nos concitoyens. Elles seront le résultat d’une évaluation des années passées et d’un dialogue constructif, permanent et naturel avec les habitants et les associations.
A tous les membres de l’administration municipale, je veux également dire ma volonté de poursuivre dans la relation de confiance qui est la nôtre depuis 13 ans. Une relation basée sur leurs compétences, leur dévouement et leur sens du service public.
D’ici l’été, le Conseil municipal se réunira à quatre reprises. Les premières délibérations seront présentées et approuvées dans à peine plus d’un mois. Je souhaite que chaque dossier, que chaque séance marque une évolution utile, une avancée pour Grenoble.
Mes chers collègues, Mesdames et Messieurs, mes chers amis,
Pouvais-je conclure sans évoquer de quelques mots le dossier de la candidature de Grenoble aux J.O. de 2018 ?
Je forme le vœu que nous soyons ensemble, tous ensemble, capables de porter un projet aussi enthousiasmant, aussi mobilisateur de toutes les énergies, aussi utile pour l’image et le développement économique, social et environnemental de notre ville.
Avec les Grenoblois, je ferai tout pour répondre présent à ce rendez-vous qui est celui de la jeunesse, de la fraternité et du rêve, valeurs intrinsèquement grenobloises.
Et puisque j’évoque les rêves, je vous livre pour conclure cette très belle adresse d’Antoine de Saint-Exupéry : ‘’faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve’’.
Merci de votre écoute.