La session de printemps de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN – dont je suis membre de la commission politique – se tient ce week-end à Budapest, me permettant de revenir dans cette magnifique ville que j’avais découverte avec Marie à l’heure de l’Union Soviétique. Nous y avions lié une belle amitié avec Katalin que j’ai retrouvée avec émotion ce dimanche.
Budapest est la capitale de la Hongrie avec près de 2 millions d’habitants sur les 10 millions que compte le pays. C’est une ville qui s’est bâtie au cours de son histoire autour de Buda sur les hauteurs puis de Pest en bas, les 2 parties étant séparées par le Danube. Elle a souffert sous le joug ottoman, a connu les fastes de l’empire austro-hongrois, a vécu l’épreuve soviétique, jouant les passeurs au bénéfice des Allemands de l’Est rejoignant l’Ouest à la fin des années 1980.
La Hongrie qui connaît une certaine décroissance démographique, s’est dotée en 2012 d’une nouvelle constitution, plusieurs fois révisée, suscitant de la part des instances de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe des interrogations quant au respect des valeurs de l’Europe et de l’Etat de droit, en particulier sur l’équilibre des pouvoirs au sein de l’Etat (réformes de la justice et de la Banque centrale hongroise, lois sur les Églises, sur les médias…).
Le Conseil des droits de l’homme ainsi que le rapporteur spécial de l’ONU pour le racisme ont appelé en 2011 le gouvernement de M. Orban à traduire les obligations internationales hongroises en engagements nationaux effectifs.
On sait notamment que la moitié des Roms de Hongrie est en situation d’extrême pauvreté, et la communauté est sur-représentée au sein de la population carcérale. Le sentiment anti-Rom est exploité par le parti d’extrême droite Jobbik. Sa montée en puissance électorale s’accompagne de campagnes d’intimidation par les milices extrémistes, particulièrement dans le Nord du pays.
Au plan économique, la Hongrie est sortie de récession en 2013. Ses fragilités pourtant demeurent: faiblesse de l’investissement des entreprises, absence de marge de manœuvre budgétaire du gouvernement pour financer les réformes structurelles, contrainte financière externe forte…
La Hongrie souffre par ailleurs d’une situation énergétique vulnérable. Le pays importe 62% de sa consommation d’énergies fossiles, dont 82% du gaz naturel en provenance de Russie. Elle s’oriente vers un doublement de sa capacité nucléaire actuelle, se tournant là encore vers la Russie et Rosatom.
Le lien entre politique étrangère et politique intérieure est très fort pour le gouvernement de M. Orban, compte-tenu de la présence de minorités hongroises en Roumanie, Slovaquie, Serbie et Ukraine, qui représentent un poids important dans le corps électoral.
La Hongrie a l’ambition de devenir un carrefour logistique et une porte d’accès au marché européen pour la Chine et la Russie. Avec cette dernière, elle maintient une relation pragmatique, en raison de sa forte dépendance énergétique.
Cependant la Hongrie se veut un allié fidèle des États-Unis, en qui elle voit le meilleur garant de la sécurité européenne. Elle est devenue membre de l’OTAN en 1999 et s’est engagée à ce titre sur plusieurs théâtres extérieurs, notamment en Afghanistan.