J’ai récemment eu l’occasion de m’exprimer dans la presse locale à propos de la rocade nord. Hier soir, en répondant à deux questions orales devant le Conseil municipal, j’ai rappelé la raison pour laquelle nous ne délibérions pas à ce propos et quelle était la position de la Ville sur le sujet.
En effet, la question n’est pas de se prononcer sur le principe de la Rocade, objet de multiples débats et votes au sein de la Métro, du SMTC, des collectivités locales et de la Ville de Grenoble, notamment dans le cadre des débats sur le PDU.
La question est de savoir à quel moment les collectivités, et notamment les villes concernées par le projet ont à se prononcer sur le projet de Rocade Nord tel que proposé par le Conseil général de l’Isère.
En la matière, la réglementation est précise.
L’article R123-13 du code de l’urbanisme indique en effet que »le dossier de mise en compatibilité du PLU, le rapport et les conclusions du commissaire enquêteur sont soumis pour avis par le préfet au conseil municipal.
C’est donc à la suite de l’enquête publique et après la remise du rapport et des conclusions de la commission d’enquête que les conseils municipaux concernés, dont Grenoble, seront sollicités pour avis par le Préfet et c’est donc au Préfet que l’avis de la Ville sera communiqué, c’est-à-dire à l’autorité qui, in fine, autorisera ou non la réalisation de ce projet.
Cette position a d’ailleurs été rappelée par une ordonnance du Tribunal Administratif qui a, en toute logique, rejeté le référé liberté qui avait été déposé par les élus du groupe Ecologie et Solidarité.
Contrairement à ce que j’ai pu lire ou entendre, le fait de ne pas délibérer lors de ce conseil ne vaut donc pas avis favorable par défaut de la Ville de Grenoble sur le projet de rocade nord.
S’agissant de la position de la Ville de Grenoble sur ce dossier.
Je ne souhaite pas ici refaire le débat mais simplement faire un point d’étape. Sans m’étendre sur les objectifs de notre politique de déplacements qui, depuis 1995, donne clairement la priorité au développement des transports collectifs et des modes doux. Je souhaite rappeler simplement les explications passionnés de ceux qui, au début du précédent mandat, considéraient comme une erreur que la 3ème ligne de tramway soit réalisée avant la Rocade…
Conformément à nos votes passés sur le PDU, un accord sur les objectifs assignés au projet de Rocade Nord qui sont de dévier les circulations de transit et de libérer de l’espace pour le développement des transports collectifs et de délester sensiblement la Rocade Sud actuellement sur saturée.
Mais cet accord sur les objectifs reste assorti d’interrogations sur le projet actuel.
Des interrogations qui sont des points de vigilance
– sur le plan du montage financier pour lequel on semble s’acheminer vers un financement assumé par le Conseil général et par le futur concessionnaire avec, je le souhaite, une part la plus importante possible de financement privé. Et pour répondre, une nouvelle fois, à la question posée par notre collègue Hakim Sabri, la Ville de Grenoble n’entend pas financer directement la réalisation de la rocade mais interviendra sur les aménagements urbains qui l’accompagneront. Cette position est d’ailleurs partagée par Grenoble Alpes Métropole.
– sur le plan du bilan environnemental pour lequel des premiers éléments positifs font état, à l’échelle de l’agglomération, d’une baisse de 3,6% des émissions de CO2. Ce bilan carbone doit également s’analyser à l’échelle des quartiers qui subissent aujourd’hui les circulations de transit : la baisse atteint alors 21% à l’échelle de la Ville et 40% dans le secteur 2.
– sur l’élargissement de l’A 480 et le déclassement de l’A 48. Les discussions se poursuivent avec l’Etat et j’espère que nous pourrons aboutir d’autant que le déclassement est nécessaire pour le Tram E et le projet Esplanade.
Enfin, et c’est sans doute aujourd’hui le point le plus délicat, sur l’insertion urbaine pour laquelle il est indispensable que le projet d’échangeur entre la Rocade et l’avenue des Martyrs ne provoque pas de coupure urbaine. Une telle coupure serait en effet difficilement compatible avec les projets Presqu’île et de réaménagement du pôle gare. Nous restons également très vigilants sur l’impact sur l’environnement urbain de la sortie nord du tunnel.