Le Brésil à l’heure du mondial : entre perspectives et idées reçues

Juil 4, 2014 | Actualités, International | 0 commentaires

Depuis près de deux semaines, nos journaux télévisés et nos quotidiens nous font vivre à l’heure du Brésil. Envoyés spéciaux, experts ou simples touristes, chacun y va de son commentaire sur cette coupe du monde 2014 au pays du football. Dans leurs propos, j’ai parfois du mal à reconnaître ce pays que je connais bien, où j’ai des attaches familiales. Les polémiques sur les problèmes économiques et sociaux sont maladroitement associées à des clichés tenaces, parfois au détriment de la réalité purement sportive.

Je ne suis pas partisan d’un tel mélange des genres. S’il n’est pas question de nier les divisions qui subsistent entre les classes sociales et l’étendue de la pauvreté, il faut avant tout reconnaitre qu’au Brésil, la coupe du monde est un moment rituel avec ses propres codes, ses héros et ses passions. Comme lors du carnaval de Rio, le Brésil fait figure de melting-pot. Et c’est à l’occasion de ce type d’évènements que l’on découvre sa vraie nature, celle d’un pays paradoxal et contrasté, avec une histoire non linéaire, une géographie atypique, et une population diversifiée répartie de façon inégale sur un territoire grand comme 16 fois la France.

De mes récents voyages en terres brésiliennes, je garde le souvenir d’un peuple tourné vers l’avenir, solidaire et désireux d’entreprendre. A cela il faut ajouter les extraordinaires atouts d’un territoire urbain à 85%, qui compte des dizaines de villes de plus de 1 million d’habitants, un important stock de matières premières (café, sucre…) et des débouchées commerciaux  avantageux. Conséquence direct des transformations liées au mondial, le pays devrait connaître un impact positif sur la croissance évaluée à + 0,4 point de pourcentage par an pendant 5 ans.

Les enjeux qu’implique la croissance de ce futur géant sont immenses. Après les États-Unis, c’est au Brésil que vont la majorité des investissements de l’Union européenne (35,6 milliards d’euros en 2013). Et le Brésil lui rend bien, puisqu’il est aussi le deuxième pays à investir dans l’UE (à hauteur de 21,5 milliards d’euros en 2013). Autosuffisant en pétrole et fort d’un tissu industriel moderne, le pays multiplie aussi les accords avec les États-Unis et les autres BRICS, s’insérant parfaitement dans la catégorie des pays « émergés ».

Il n’empêche qu’à l’heure du mondial, le chemin est encore long pour que le Brésil puisse triompher des clichés réducteurs qui l’entoure. Sa richesse et sa diversité méritent pourtant que l’on y pose un nouveau regard.