Très sympathique cérémonie ce vendredi soir en mairie à l’occasion de la remise de la médaille de la Ville à Henri Biron. En présence de mes collègues élus Jérôme Safar et Eric Grasset, de nombreux amis d’Henri et de son épouse Monique, j’ai rappelé le parcours de cet homme aux multiples engagements. Très ému, ce « dur au cœur tendre » a lancé un message fort à tous : « Engagez-vous ! Militez ! Soyez citoyen ! Il faut s’entraider et toujours s’émerveiller ».
Je vous invite à prendre connaissance du discours que j’ai prononcé à cette occasion.
En dehors de l’amitié qui nous lie, je suis heureux de ce moment partagé pour deux raisons : d’abord parce que c’est pour moi l’occasion de le remercier de ce qu’il a apporté (et apporte encore) à la ville à la région grenobloise et même à la région Rhône-Alpes. Mais aussi parce qu’il est important de distinguer les parcours qui ont une force de témoignage particulière. Et c’est son cas.
Je vais commencer par l’engagement le plus récent d’Henri, celui qui nous a valu de mieux nous connaître, à travers la Frapna. Il a présidé cette association pendant 4 ans et il y travaille toujours avec passion. Dès le début, nous avons eu la chance de nous entendre et de nouer des relations fructueuses et confiantes.
Dans le cadre de cette coopération, des partenariats ont été établis : le Festival international du film Nature et la fête de la Nature; dans le domaine de l’éducation à l’environnement ; dans le domaine de la biodiversité dans la ville ; sur la question des trames verte et bleue et dans la plupart des projets d’aménagement urbains ; sur le sujet délicat du retour de l’eau dans la ville.
Je dois aussi évoquer sa contribution au projet d’agrandissement et d’embellissement du parc Mistral, dans lequel il s’est engagé alors que les crispations et les oppositions étaient nombreuses.
Dans le cadre de l’année mondiale en 2010, Henri a aussi co-présidé avec son ami Armand Fayard (alors conservateur du muséum d’histoire naturelle) le Comité de Pilotage « Année de la biodiversité », animé par Eric Grasset et Stéphane Siebert (sans oublier les deux chevilles ouvrières du comité : Patrice Coindet et Vincent Poncet).
Enfin, depuis l’origine (et encore aujourd’hui) Henri est « personne qualifiée » Nature- Environnement au Conseil de Développement de la Métro et co-président avec Eric Grasset de l’Atelier de travail sur la Biodiversité.
Dans sa jeunesse, Henri a joué au rugby en junior puis en réserve l’année où le FCG a été Champion de France …
De cette époque, il dit souvent qu’il est resté imprégné du formidable esprit de respect et de fraternité que porte ce sport.
C’est sûrement grâce à cela qu’il est arrivé à faire travailler ensemble des réseaux réputés pour leur sincérité et leur créativité mais aussi pour leur manque d’appétence pour la discipline et la hiérarchie ! Et qu’en plus, il est parvenu à assurer les conditions d’un dialogue particulièrement constructif avec les partenaires publics qui ne sont pas simples non plus – il faut bien l’avouer …
Au fond, Henri est un homme d’entregent au sens le plus urbain et indispensable du terme. Un passeur, un facilitateur, un pédagogue hors pair aussi. Et s’ils sont réels, sa vivacité, son entrain, son énergie et sa bienveillance ne font pas tout : sa pensée est redoutablement charpentée et il est tenace !
Tout cela est vrai et méritait d’être dit ici.
Mais pour moi, Henri, d’abord et avant tout, c’est la fidélité.
La fidélité aux racines… il est né à Grenoble où il a passé sa petite enfance dans le logement de ses grands-parents au-dessus du passage de l’ancien hôtel de ville. Son grand-père était huissier à la mairie d’alors. Sa mère était vendeuse aux « chaussures Félix » et son père était marchand forain, place Jean Achard. A la retraite du grand-père, la famille s’est installée à Meylan où il a fait toute sa scolarité. Je vante suffisamment les vertus cosmopolites du modèle Grenoblois pour ne pas manquer de saluer les qualités de ceux qui sont nés ici et qui ont généreusement accueilli, de génération en génération, aux nouveaux venus.
Si Grenoble est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est parce ceux qui l’ont peuplée au fil du temps ont toujours préféré l’ouverture au monde au repli identitaire. La curiosité pour la nouveauté et l’émancipation à la routine.
La fidélité à un idéal militant, y compris dans ses choix professionnels …
Après 3 ans d’apprentissage chez Merlin-Gerin et un CAP d’électro mécanicien, il a travaillé au département Marine comme ouvrier professionnel avant de passer 3 ans comme radariste dans la Marine Nationale pour ne pas aller combattre en Algérie.
De retour à la vie civile, il a milité au syndicat CGT, été élu au comité d’entreprise et a rejoint le PCF où il a été permanent fédéral pendant 10 ans comme responsable aux entreprises. Se séparant du PCF, il terminera sa vie professionnelle à la Fédération des Œuvres Laïques (FOL).
La fidélité à un idéal personnel qui en fait quelqu’un de tellement attachant
Henri a fait « ses classes politiques » dans une période où la certitude et le dogme tenaient une grande place. Beaucoup sont sortis avec difficulté de leur modèle d’appartenance, avec le sentiment de s’être trompés ou d’avoir été trompés. Ils en sont sortis dans la désillusion, le dépit, la rancœur ou la colère.
Dans le cas d’Henri, la remise en question a vraiment été libératrice et, je crois, profondément heureuse. Il s’est engagé dans ce qu’il appelle « l’humanisme éco-citoyen » avec une sorte d’émerveillement qui m’évoque ces quelques mots tirés d’une lettre écrite par Jacques Decour, militant communiste, avant de mourir fusillé par les nazis en mai 1942 : « Est-ce que nous nous sommes assez émerveillés les uns des autres ? ».
Chaque fois que je rencontre Henri, il me semble qu’il me pose cette question.
Et je ne l’en remercierai jamais assez.