Je vous invite à retrouver mon intervention en ouverture du conseil municipal de ce lundi 16 décembre consacré notamment à l’examen du budget 2014.
Cette avant dernière séance du conseil municipal est consacrée à l’examen du dernier budget du mandat. Avec quelques-uns, c’est le dernier budget que nous avons élaboré et que nous allons voter. Un budget qui sera en grande partie exécutée par la prochaine équipe municipale.
Un budget qui a été élaboré avec l’objectif de maintenir notre mobilisation face à la crise. Une mobilisation pour l’emploi, pour toujours plus de solidarité, pour une ville attentive à chacun. Une mobilisation pour aujourd’hui donc mais aussi pour demain, pour améliorer le cadre de vie, entretenir notre patrimoine, conserver à notre ville son attractivité.
Un budget construit aussi dans un contexte particulier, au regard de l’engagement du Gouvernement en faveur du rétablissement des comptes publics. Un rétablissement auquel les collectivités locales prennent leur part.
Comme nous allons prendre part aux discussions liées à la remise à plat de la fiscalité voulue par le Premier Ministre. Au titre de l’AMGVF, j’ai déjà eu l’occasion d’avancer quelques pistes de travail concernant la fiscalité locale :
1) Revenir à une fiscalité directe responsabilisant les collectivités territoriales plutôt qu’à des dotations de l’État remises en cause tous les ans et qui évoluent malheureusement le plus souvent à la baisse.
2) Combattre la fausse bonne idée de la spécialisation fiscale par collectivité et prôner plutôt un équilibre entre fiscalité ménages et fiscalité entreprises.
3) Reviser les bases, même si c’est difficile, car c’est combattre des inégalités territoriales et sociales devenues souvent difficilement supportables.
4) Établir une feuille d’impôts par collectivité, pour responsabiliser chaque niveau, et éviter que les communes, et donc les maires ne soient injustement comptables des augmentations décidées par d’autres.
De 1995 à 2014, ce sont 19 budgets que nous avons élaborés.
Avec des équipes successives mais avec des éléments de constance
Avec la conscience de l’importance de l’action publique locale.
Avec la conscience aussi de la nécessité d’abord, de 1995 à 1998, de redresser puis, à partir de 1998, d’assurer la santé financière de notre ville au service des politiques publiques que nous souhaitions conduire.
Paul Eluard disait : « Le passé est un œuf cassé, l’avenir est un œuf couvé ».
Face à la situation que nous avons trouvé en 1995 (fiscalité élevée, endettement considérable, épargne nette négative, engagement non financé, notamment s’agissant de ZAC, contrats de concession de services publics conclus au détriment de la ville…), nous avons pris le parti de privilégier le rétablissement de la capacité d’autofinancement de la Ville tout en stabilisant l’endettement, en utilisant de façon raisonnable le levier fiscal et en maitrisant les dépenses de fonctionnement.
Jérôme Safar reviendra dans quelques instants plus précisément sur ces évolutions.
Mais je veux tout de même relever que la contrepartie de cette politique d’investissement très dynamique a été de ne pas pouvoir simultanément agir plus fortement sur l’héritage que nous avons trouvé en terme de dette et de niveau de la fiscalité. Pour réduire plus fortement la dette ou le niveau des impôts locaux, notamment celui de la taxe foncière, il aurait fallu sacrifier l’avenir de notre ville en renonçant pendant des années à toute politique d’investissement.
C’est le parti pris inverse que nous avons retenu en considérant que la gestion d’une ville, ce n’est pas uniquement une affaire de ratio. Il s’agit d’abord et avant tout de manifester, année après année, une vision pour une ville ou un territoire, d’avoir l’ambition de son développement, et de l’attention portée à ses concitoyens, et notamment aux plus fragiles.
Pendant toutes ses années, nous avons donc avancé avec détermination et cohérence avec :
– un service public municipal développé et efficace que nous avons préservé quand certains annoncent vouloir l’affaiblir
– une priorité permanente à la solidarité dans toutes ses dimensions
– un soutien déterminé à l’emploi et à l’économie locale par une politique d’investissement résolue et des interventions à tous les niveaux de la chaine de l’emploi
– la volonté de construire la croissance de demain, celle de nous avons besoin pour nos emplois comme pour assurer la transformation écologique qui va de pair avec notre volonté de maintenir une industrie et une activité économique durable, parce qu’innovante
– la rénovation et l’embellissement de notre ville : poursuite des travaux de Cœur de Ville, des contre allées, de l’extension de la ligne B, de la réalisation de la ligne E / poursuite aussi des travaux emblématiques menés à la Villeneuve, à Mistral, à Châtelet, à l’Ile verte avec l’opération Blanche Monier
– l’aménagement de nouveaux quartiers : Flaubert, Presqu’ile, Esplanade
– la remise à niveau ou la construction de nouveaux équipements à l’échelle des quartiers, de la ville voire de l’agglomération avec la fin des travaux de la piscine Chorier Berriat ou de la SMA. Avec aussi les travaux au Brise Glace, dans les écoles ou des Tennis couverts.
– le retour à la tradition d’innovation et d’expérimentation dans tous les domaines
Chacune de ces priorités s’illustre dans le budget à venir.
Comme elles s’illustrent dans les 18 budgets que nous avons exécutés.
De la MC2 au renforcement des moyens donnés au service de la Propreté Urbaine ou de la Police municipale, de la requalification des Grands Boulevards au Parler Bambin, du Forum pour l’emploi à l’accompagnement des pôles de compétitivité, de la réforme des rythmes scolaires à la pérennisation des centres de santé, du renouvellement urbain des quartiers Teisseire ou Mistral à l’aménagement des écoquartiers de Bonne, Bouchayer ou Blanche Monier, des expositions au Musée à l’éducation artistique et culturelle, toutes les politiques conduites pendant ces 18 années sont directement ou indirectement marquées du sceau de la solidarité et de la cohésion sociale.
Cette recherche permanente d’une ville plus juste, ouverte à tous a été l’axe majeur qui a conduit notre action et déterminé l’élaboration et l’exécution de nos budgets au fil des ans.
Au cours de ce dernier mandat, les effets de la crise nous ont conduits à renforcer davantage encore notre engagement en matière de solidarité, pour atténuer autant que faire se peut les conséquences de la crise pour nos concitoyens. La place que notre CCAS a retrouvée en est une illustration. Il est aujourd’hui bien plus que l’instrument d’une politique sociale. Il est au service de l’ensemble des familles et des foyers de notre ville. Cela nous a conduit à allouer chaque année une subvention plus importante que l’année passée. Cela sera encore le cas en 2014.
Et au-delà du CCAS, notre engagement, notre priorité, est également la poursuite de politiques de solidarité, qui s’exprime dans les champs du logement, de l’insertion, de l’accès à l’emploi, de la santé, de l’éducation pour tous les Grenoblois.
L’emploi aura été notre seconde priorité du mandat. Et comment pouvait-il en être autrement ?
Dès les prémices de la crise, courant 2008, nous avons refusé de nous inscrire dans une logique d’austérité.
Comme Paris ou Bordeaux, nous avons considéré qu’il fallait donner les moyens à nos politiques d’être pleinement protectrices et refuser de sacrifier nos politiques d’investissement.
Ce choix a ensuite été partagé par de nombreuses autres communes de droite comme de gauche qui ont elles aussi procédé à des augmentations d’impôts.
Choix discuté mais qui était le seul possible.
Choix qui nous a permis d’assurer des dépenses d’investissement de plus de 400 Meuros sur le seul BP Ville (environ trois fois plus pour le Groupe Ville) ; dépenses engagées directement en direction des acteurs locaux de l’économie.
Choix qui s’est aussi exprimé par une mobilisation tout azimut dans le champ de l’insertion par l’économique, les emplois d’avenir que nous accueillons en Mairie depuis plusieurs mois maintenant étant la dernière illustration de notre engagement en la matière.
Un autre de nos axes majeurs, que l’on retrouve à travers le maintien d’un niveau élevé d’investissement et qui traduit l’ambition du développement de notre ville concerne bien sûr les opérations urbaines. Nul ne peut aujourd’hui nier la métamorphose qu’a connu Grenoble grâce à la réhabilitation de ses quartiers et aux opérations de renouvellement urbain. Jean Macé, les Grands Boulevards, la Caserne de Bonne, Bouchayer-Viallet, Teisseire, Mistral hier ; Chatelet, Villeneuve-VO, aujourd’hui ; Flaubert, Esplanade et Presqu’île demain ; autant d’opérations qui ont transformé et continuent à faire évoluer notre ville, avec toujours le même objectif de mixité sociale, de vivre ensemble et de prise en compte des enjeux environnementaux.
Au total, tous ces investissements (plus d’1 milliard d’euros pour le Groupe Ville au cours de ce dernier mandat) ont contribué bien sûr à l’activité économique de notre ville et de notre agglomération, à travers notamment le BTP.
Mais ils ont aussi permis d’accroître l’attractivité de notre territoire, en terme d’implantation d’entreprises nouvelles, comme en terme de croissance démographique (ville centre, agglomération et région urbaine).
Tout cela a conduit par un enchaînement vertueux à plus de solidarité par plus d’emploi, à plus de ressources de par l’augmentation de l’assiette, et donc à plus de moyens pour les politiques publiques.
Je l’ai indiqué lors du débat d’orientation budgétaire, si ce budget 2014 s’inscrit dans la lignée des priorités que j’ai souhaité fixer pour Grenoble au cours de ces 18 dernières années de mandat, avec les équipes municipales qui se sont succédées, j’ai souhaité qu’il soit également attentif aux besoins nouveaux qui s’expriment ou des évolutions du cadre dans lequel notre action s’inscrit. J’évoquais il y a un instant les emplois d’avenir. J’aurais pu aussi évoquer la réforme des rythmes scolaires ou la mise en place de la ZSP que nous accompagnons.
La création à venir d’une métropole sera évidemment aussi un sujet important des prochains mois. Nul doute qu’il impactera fortement le prochain mandat avec la juste définition des sujets qui seront demain de compétence métropolitaine.
Cette loi créant les métropoles :
– est une reconnaissance pour notre ville :
- 1 capitale régionale sur 2 ne sera pas métropole
- En dehors de Nice (déjà métropole en 2010) aucune autre grande ville qui ne soit pas capitale régionale
– C’est une chance pour Grenoble, pour l’agglo, pour la région urbaine
- En terme de développement économique (co-pilotage des pôles de compétitivité, ESR, SATT…)
- En terme de solidarité Sociale (négociations avec le Département et l’État), ainsi pour le logement, transition énergétique et écologique (AOT, AOE, …)
– Mais cela nécessite aussi de continuer à penser la relation au Sillon Alpin et Lyon, en préparant toujours l’avenir, en anticipant.
En me retournant sur les 19 années qui viennent de s’écouler, en imaginant ce que seront les enjeux des années à venir avec la création de la métropole, c’est avec une émotion certaine que j’ai ouvert ce qui est pour moi le dernier débat budgétaire.
Avec émotion mais aussi avec la satisfaction d’avoir toujours agi selon mes valeurs et dans le respect des engagements pris devant les Grenoblois.
On peut être d’accord ou pas avec ce qui a été fait. Et certains ne se priveront pas de le manifester.
Mais on ne peut, de bonne foi, mettre en doute les valeurs et les convictions qui m’ont animées et que j’ai voulu faire partager aux collègues qui m’ont accompagné depuis plus de 18 ans :
– D’abord, la réduction des inégalités, sociales et territoriales et la lutte contre les discriminations.
Car c’est la condition d’un mieux vivre ensemble et surtout d’un mieux agir ensemble.
– Ensuite, l’ouverture de notre ville au monde et à ses cultures. Car c’est la condition bien sûr de notre rayonnement économique, mais aussi de notre enrichissement éducatif, culturel, sportif, et finalement humain.
Ensemble, nous avons fait de Grenoble une ville contemporaine, là où d’autres se contentent d’être modernes.
Nous comptons désormais dans le top 10 mondial, en matière d’innovation, d’accessibilité, de développement durable.
C’est un encouragement à poursuivre, à amplifier cette dynamique, notamment dans le cadre de la future métropole.
Faisons-le avec passion, forts de la conviction que les politiques mises en œuvre ont été utiles pour Grenoble et plus encore pour les Grenobloises et les Grenoblois.
Je le crois sincèrement. Je l’espère, je le rêve même pour l’avenir de Grenoble en pensant à Saint Exupéry : « Faites que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve ».