Conseil municipal : intervention introductive de Michel Destot

Déc 15, 2009 | 3e circonscription, Actualités | 0 commentaires

La crise n’est pas finie

michel_destotUne crise qui est multiple : financière (et même si la taxation des bonus des traders va dans le bon sens, il reste nécessaire de s’attaquer réellement non plus seulement aux symptômes mais aussi aux causes), économique, écologique et évidemment sociale.

Une crise qui est loin d’être achevée et dont l’impact principal en termes de chômage, de précarité, de souffrance pour nos concitoyens, et surtout pour les plus fragiles, est encore malheureusement devant nous.

Ici à Grenoble, nous avons tous évidemment en tête le plan social de Caterpillar, la fermeture annoncée de Gripp. Les situations aussi d’entreprises comme ARaymond, Soitec ou de ST où les missions d’intérim n’ont pas été renouvelées et où il a fortement été fait appel au chômage partiel.

Nous savons aussi que de nombreuses TPE et PME sont dans des situations d’autant plus délicates que les prêts bancaires se sont raréfies et que les fonds propres qui pouvaient être réinjectés dans les entreprises l’ont été en 2009. Dans ces entreprises, si l’activité ne repart pas fortement en 2010, les conséquences sur l’emploi pourraient être terribles.

Déjà le taux de chômage atteint 9,1% en France, légèrement plus que dans les pays de l’OCDE où la moyenne est de 8,6%. Même le Secrétaire d’Etat à l’Emploi reconnaît le retour et l’intensification du chômage de masse.

D’ailleurs les Français ne s’y trompent pas ! L’étude TNS Sofres parue ce week-end indique que le chômage est redevenu leur première préoccupation, à plus de 79%.

Voilà qui justifie pleinement, si besoin était, le soutien que nous apportons à l’activité et au développement économique.

Depuis plusieurs mois, personne ne peut par ailleurs nier que la situation sociale s’est fortement dégradée. Comme dans toutes les grandes villes, nous le percevons ici à Grenoble où 23% des ménages vivent sous le seuil de bas revenu (13% en France), où un enfant sur trois grandit dans une famille qui vit sous ce seuil, où les demandes de domiciliation ont augmenté de 45%, où les prises en charge au Centre d’Accueil Municipal ont augmenté de 10%, celles au CAM-Hôtel de 20% !

Face à cette situation que nous avions anticipée, l’augmentation du concours de la Ville au CCAS (1 M€) était évidemment pleinement justifiée et a notamment permis de multiplier par deux le budget de l’aide sociale facultative, d’ouvrir de nouvelles places de crèche ou de lancer des expérimentations tel le microcrédit social.

Les nouvelles frontières sociales et environnementales

Sans attendre la sortie de crise, il nous faut imaginer une nouvelle façon de vivre en société, en conciliant solidarité et durabilité

–         priorité à l’emploi, notamment à celui qui est porteur d’innovation, donc d’activité et d’emploi et qui permet aussi de préparer l’avenir

–         Forum 4I, Grain, Pétale

–         Alliance è Nano 2012

–         Minatec

–         Pôles de compétitivité qui sont les niches des emplois de demain : dans le solaire, dans les nouvelles technologies de l’énergie, dans les biotechnologies, dans les écotechnologies… autant de thèmes de recherche qui sont directement connectés au développement durable et à la croissance verte

–         Campus de l’innovation / Giant

–         Travail en réseau : dans le sillon alpin, en Rhône-Alpes, en France (santé, éducation…), en Europe (Kréo)

–         priorité à l’investissement qui permet de soutenir directement le BTP c’est-à-dire des emplois souvent moins qualifiés, directement liés à la conjoncture et donc plus fragiles. Un soutien qui est essentiel, les collectivités locales représentant environ 75% de l’investissement public en France.

En maintenant un niveau d’investissement consolidé à 184 M€, la Ville de Grenoble prend toute sa place dans cet effort

–         priorité à la solidarité et à l’innovation sociale

–         la solidarité

–         augmentation de 1,2 M€ de la subvention au CCAS, soit +12% en l’espace de deux ans ce qui représente une hausse sans précédent,

–         maintien d’une enveloppe importante de 3,6M€ pour le logement, et particulièrement le logement social,

–         poursuite de nos opérations de renouvellement urbain avec près de 8M€ de dépenses d’investissement,

–         première année pleine du Projet Educatif Grenoblois,

–         lancement projet jeunesse,

–         poursuite des travaux de remise à niveau des équipements sociaux : crèches, résidence personnes âgées, centre d’accueil municipal

–         accès à l’emploi des publics qui en sont les plus éloignés via la mission locale et le service initiative emploi

–         renforcement de l’engagement municipal en faveur du bien vivre ensemble…

–         l’innovation sociale où nous renouons, depuis quelques années, avec la tradition d’innovation grenobloise

–         rapport Jean Giard en 2004

–         expérimentation avec l’agence nationale des solidarités actives puis avec le haut commissariat,

–         plan d’action 2009-2014 du CCAS avec notamment Parler Bambin, microcrédit social, lutte contre les non-recours aux droits, allocation municipale d’habitation…

–         priorité à la solidarité et à la durabilité : c’est une évidence absolue alors que se déroule le Sommet de Copenhague mais nous n’avons pas attendu !

–         préoccupation environnementale présente dès 1995 dans nos projets de renouvellement urbain ou de construction de logement

–         retour des lignes de tram et développement des transports collectifs et des modes doux

–         PLU incitatif

–         OPATB

–         schéma énergétique en 2007

–         Délibération Facteur 4 en 2008

–         Zac exemplaires : de Bonne en attendant demain Bouchayer Viallet, Presqu’île et Esplanade mais aussi Villeneuve. Nous devons avoir la même ambition au nord et au sud, pour des raisons écologiques évidemment mais aussi de solidarité pour faire baisser, partout la facture énergétique (saluer le travail réalisé à la CCIAG qui permet, grâce à mes interventions au plan national de passer à une TVA à 5,5%)

–         priorité à la solidarité et à la proximité : l’attention portée à la qualité du cadre et des conditions de vie des Grenoblois est une préoccupation transversale à l’ensemble de nos politiques :

–         grand programme de petits travaux è priorité politique à la proximité au cours du second mandat è Gestion urbaine de proximité qui fait désormais l’objet d’une délégation politique

–         programmation pluriannuelle de travaux de rénovation du patrimoine municipal

–         construction régulière de nouveaux équipements : du Patio au Plateau en passant par la Chaufferie, piscine des Dauphins, 3 nouvelles bibliothèques, 3 nouvelles écoles (Marie Reynoard, Verderet, Lucie Aubrac et à venir Beauvert et celles qui accompagneront Esplanade et Presqu’île)…

–         Grenoble ville centre è construction/rénovation d’équipements structurants : MC2, Patinoire, Stade

Le fait urbain, une chance à ne pas rater

3 grands défis mondiaux auxquels l’humanité est confrontée. Des défis plus prégnants dans les Villes puisque plus de la moitié de l’humanité habite aujourd’hui en ville et que cette tendance est inéluctable. Des défis auxquels les villes apportent aujourd’hui déjà des réponses :

–         défi économique et social è politiques publiques de cohésion sociale et territoriale è construire des villes de mixité sociale et d’usage

–         défi climatique è lutte contre l’étalement urbain, développement des TC, protection thermique des bâtiments, évolution mix énergétique en termes de production et limitation des consommations énergétiques è construire des villes compactes et soutenables

–         défi démographique è prise en compte vieillissement de la population dans nos politiques, notamment en terme d’équipements è ville de l’intergénérationnel

Trois conditions pour surmonter ces défis

–         coordination des politiques au service d’une vision stratégique associant tous les acteurs

–         coopération entre les territoires et déjà entre pôles urbains, pour avoir la taille critique nécessaire au développement – Cf métropoles et pôles métropolitain

–         reconnaissance réel du fait urbain et des pouvoirs locaux par l’Etat et l’Union européenne

Regret que ce ne soit pas le cas des projets gouvernementaux qui, dans l’état actuel des choses, reconnaissent insuffisamment la place et les réponses que les villes peuvent apporter

–         l’acte 3 annoncé de la décentralisation risque de devenir l’acte 1 de la recentralisation

–         par ailleurs le contenu précis de ces réformes (celle des collectivités et de la TP) n’est toujours pas définitivement arrêté ni sur le mode de scrutin (puisque les deux premiers projets gouvernementaux ont été retoqués par le Conseil d’Etat) ni sur les périmètres de compétences, ni sur les capacités d’intervention budgétaire.

–         La seule garantie que nous avons aujourd’hui, c’est que pour la 3ème année consécutive, les concours de l’Etat seront en baisse.

–         Pour le reste, sur la pérennité de nos ressources, sur l’autonomie fiscale, sur l’équilibre de la fiscalité (sur le plan territorial entre collectivités mais aussi entre fiscalité économique et fiscalité ménage), les arbitrages définitifs restent à rendre et j’espère que l’accord qui sera trouvé entre l’Assemblée et le Sénat ne se fera pas au détriment du bloc communal qui demande, toutes associations confondues, l’affectation de 60% des recettes de la CVA soit 6,8 milliards d’euros. Le bloc communal ne doit pas être la variable d’ajustement et finalement la victime de la réforme de la TP sans quoi notre seule marge budgétaire sera définitivement l’impôt ménage, avec son cortège d’injustices sociales.

Grenoble, une ville qui fait sens

Grenoble a retrouvé sa place dans le concert des grandes villes de France. Son dynamisme et la justesse des politiques que nous mettons en œuvre sont reconnus. Une reconnaissance exprimée, le 20 octobre dernier, à Saint-Dizier, par le Président de la République puisqu’il nous a ouvert les portes du statut de métropole non pas compte tenu de la démographie de notre agglomération mais précisément de notre dynamisme.

A noter d’ailleurs que si l’actualité récente nous a vu primés dans le champ du développement durable et de l’aménagement urbain, les classements positifs sur des politiques relevant non pas du  »hard » mais du  »soft » sont autant si ce n’est plus nombreux : ainsi de la prise en compte du handicap, de la vie étudiante, des personnes âgées, de la petite enfance, de la santé, du développement des modes doux…

* * *

Le vote du budget est toujours un moment particulier dans la vie d’une collectivité et d’une majorité municipale. C’est le moment par excellence où la cohérence de l’action doit apparaître. Le moment de porter un regard sur le chemin parcouru. Le moment aussi de se projeter dans l’avenir, de préciser les perspectives, les échéances qui sont les nôtres.

C’est un nouveau visage de Grenoble que nous imaginons et que nous voulons construire avec les Grenoblois. Une ville métamorphosée sur le plan urbain, une ville unie sur le plan humain, une ville de l’après Copenhague, une métropole contemporaine qui assume son identité universelle, celle de la déclaration des droits de l’homme de 1948.

Ce projet, les services municipaux l’élaborent, le portent et le mettent en œuvre avec nous. Je veux à cet égard noter la très grande qualité professionnelle des agents de la Ville. Leur compétence, leur attachement à notre ville, leur compréhension des contraintes financières.

Les projets sont nombreux, élus et habitants sont exigeants. Malheureusement certaines attitudes sur le terrain sont peu respectueuses du vivre ensemble et du personnel. Les effectifs eux restent constants et avec une augmentation des frais de personnel maintenu à 2,08%, la majorité municipale sait que le choix de maintenir la qualité des services rendus à la population n’est possible que parce que l’administration municipale s’associe pleinement à nos objectifs de rigueur de gestion, de financement d’un haut niveau d’investissement et de maîtrise de la dette.

Je veux donc ici saluer l’administration municipale et remercie le Directeur général des Services de se faire mon interprète auprès de l’ensemble des agents pour leur dire notre reconnaissance et notre estime pour la qualité du travail accompli mais aussi notre confiance pour relever les défis des prochains mois et des prochaines années.